












Trafic de drogues
- L’année 2021 a été marquée sur tout le territoire par la plus grande intervention dans l’histoire mené par le parquet fédéral et la Police Judiciaire Fédérale et par des saisies record et le démantèlement de nombreuses organisations internationales liées au dossier SKY ECC et à ses suites.
- Une nouvelle technique de traitement de la cocaïne a été mise à jour en 2021 : les "blanchisseuses" de cocaïne.
- Sous l'impulsion de la Police Judiciaire Fédérale, un réseau international d'experts a été mis en place afin de se pencher sur la question des caches (destinées aux trafics) aménagées dans les véhicules.

Nous avons tous ensemble relevé le défi
Commissaire divisionnaire Eric Snoeck"L’année 2021 a été marquée pour la Police Judiciaire Fédérale par une prouesse technique et technologique majeure : le décryptage du code de la messagerie SKY ECC. Faire tomber ce réseau de communication a des conséquences directes et indirectes à la fois sur la Police Fédérale et sur la société belge dans son ensemble.
D’une part, ceci constitue un tournant majeur dans notre perception de la criminalité organisée, que nous avons découverte encore plus violente, agile, technologique, internationale. Dans un contexte budgétaire tendu, nous avons tous ensemble relevé le défi et nous nous sommes organisés rapidement sur tous les plans : recruter, investir, innover, renforcer et fluidifier la coopération, au sein de la Police Intégrée d’abord, et à une échelle internationale ensuite.
D’autre part, nos actions protègent nos concitoyens en combattant l’intrication du monde criminel avec la société civile. Corruption, fraude sociale et fiscale, blanchiment d’argent : nous ne laisserons pas ces systèmes mafieux prendre pied en Belgique."
Directeur général de la Police Judiciaire Fédérale
Capacité d’enquête dans les dossiers "drogue"
En 2021, dans le cadre de la lutte contre la drogue, les enquêteurs de la Police Judiciaire Fédérale ont presté l'année dernière 641 162 heures, soit 22 % de la capacité d’enquête.
Capacité d’enquête fédérale pour la lutte contre la drogue | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|
Nombre d’heures prestées | 428 756 | 521 722 | 641 162 |
Pourcentage par rapport à la capacité d’enquête fédérale totale | 15,9% | 17,6% | 22% |
L'accent a été mis sur la lutte contre :
- l'importation et l'exportation de cocaïne ;
- la production professionnelle et commerciale de cannabis ;
- la production et le commerce de drogues de synthèse, en ce compris les précurseurs ;
- le marché local des stupéfiants.
Gage d'efficacité, la coopération policière internationale est un maillon important de la lutte contre ce phénomène. La Police Fédérale est impliquée dans divers forums internationaux (programmes EMPACT d’Europol, Conférence mondiale d'Interpol sur les drogues, Groupe Pompidou du Conseil de l’Europe, réseaux bilatéraux avec les Pays-Bas, concertations Benelux et Hazeldonk, etc.).
En 2021, la Direction de la coopération policière internationale a procédé à l'évaluation triennale du réseau des officiers de liaison de la Police Intégrée à l'étranger. La principale recommandation formulée dans le rapport est de désigner un officier de liaison supplémentaire en Amérique latine afin de renforcer la lutte contre le trafic international de cocaïne.
Trafic de cocaïne
174 saisies de cocaïne (trafic maritime, aérien et autres) ont au total été effectuées en 2021, ce qui représente globalement plus de 96 tonnes de cette poudre blanche.
Les ports maritimes sont des maillons du trafic de cocaïne de l'Amérique du Sud vers l'Europe occidentale. La Police Fédérale s’investit, en collaboration étroite avec la douane, de plus en plus dans la lutte contre le trafic de cocaïne en collaborant avec les services de police des pays d’origine et de transit en Amérique du Sud (Colombie, Brésil...).
Saisies maritimes de cocaïne | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|
à Anvers | 61 796 | 65 443 | 90 750 |
vers Anvers | 76 986 | 67 780 | 102 193 |
en Belgique, hormis Anvers | 1 877 | 2 451 | 940 |
Total (kg) | 140 660 | 135 675 | 193 883 |
La cocaïne n’est pas uniquement acheminée par voie maritime depuis l’Amérique du Sud, elle l’est également par voie aérienne. Début août 2021, par exemple, la police fédérale brésilienne a découvert à l'aéroport de Fortaleza (BRAZ) 1,3 tonne de cocaïne dans un jet privé à destination de la Belgique. La Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Liège a ouvert une enquête sur ce trafic. La "General Aviation" (aviation civile non commerciale) fait donc certainement aussi l'objet d'une attention particulière dans la lutte contre le trafic de cocaïne.
Trafic de haschich
Vingt saisies ont permis de mettre la main sur une quantité totale de 13 451 kilos de haschich. Pas moins de 8,5 tonnes ont été saisies lors d'une seule de ces opérations ! Si les plus importantes saisies ont eu lieu via le port d’Anvers, il est à noter qu’un peu moins de 750 kg ont été saisis dans le port de Zeebruges.
Trafic d’héroïne
Pas moins de 35 saisies pour une quantité totale de 1 554 kg. Cela concerne tant l’importation via le port d’Anvers ou l’aéroport de Zaventem que le trafic transfrontalier depuis les Pays-Bas vers la France.
Décryptage de SKY ECC : coup de massue pour le milieu criminel
Le 9 mars 2021 a débuté la plus grande opération jamais organisée dans notre pays, sous la direction du parquet fédéral et de la Police Judiciaire Fédérale.
La problématique SKY ECC a trouvé son origine en 2019 dans un dossier exécuté par la Police Judiciaire Fédérale (PJF) d'Anvers. Cette même PJF a réussi, forte de son expertise et en s'appuyant sur une coopération internationale solide, ce que peu avaient pu réaliser jusqu'ici : briser le code d'une messagerie cryptée et procéder à l'analyse des messages qui y étaient contenus. Depuis lors, ce sont plus d'une quarantaine d'actions de diverses PJF qui ont été couronnées de succès : Bruxelles, Charleroi, Liège, Limbourg et Anvers pour les plus importantes. Que ce soient des dossiers "enrichis" par des informations décryptées dans SKY ECC ou des nouveaux dossiers issus des données interceptées, tous ont pour point commun le trafic ou la production de stupéfiants ainsi que la criminalité qui y est liée (violence, corruption, blanchiment, etc). Ces enquêtes permettent une meilleure connaissance de la criminalité organisée qui se comporte exactement comme un écosystème économique classique à l'échelle (inter)nationale : chaque entité a sa spécialité, elle conclut des alliances et se débarrasse de ses concurrents les plus féroces. Une nouvelle technique d’importation de cocaïne est découverte. Celle-ci consiste à d’abord imprégner un matériel inerte quelconque (vêtements de seconde main, charbon, fibres de coco, etc.) d’une solution de cocaïne dans le pays exportateur et puis extraire chimiquement la cocaïne dans une "laverie" et la reconditionner. La cocaïne est dès lors prête à être acheminée à travers toute l'Europe.

De nouvelles tendances sont mises au jour comme l’investissement massif dans des avoirs légaux en Belgique et à l’étranger pour blanchir l’argent, l’acquisition de crypto-monnaie et le recours de plus en plus fréquent à la corruption, par la force ou par l’appât du gain, de personnes clés.
Chiffres clés du 9 mars 2021 au 28 février 2022 :
- 881 personnes arrêtées ;
- 272 nouveaux dossiers ;
- 117 dossiers enrichis par de nouveaux éléments ;
- 59 718 141 € saisis (des biens récupérables comme du cash, des montres, des voitures de luxe…) ;
- plus de 90 tonnes de drogues saisies ;
- pour une valeur de plus de 4 500 000 000 euros ;
- 862 équivalents temps plein (ETP), ce qui représente le temps de travail de tous les enquêteurs réunis (enquête, renseignement et appui des Unités Spéciales - DSU). En d’autres termes : un enquêteur seul aurait dû travailler 862 ans pour arriver à ces résultats !


Les connexions entre les dossiers à l’échelle de tout le territoire.
La Police Judiciaire Fédérale de Bruxelles démantèle six laboratoires d’extraction de cocaïne
Fin octobre 2021, lors d'une des plus grandes opérations contre le trafic de drogue depuis le décryptage du réseau de communication SKY ECC, la Police Judiciaire Fédérale de Bruxelles (PJF) a démantelé six laboratoires d'extraction de cocaïne, une première en Belgique. La PJF a pu pénétrer au cœur d'une organisation criminelle internationale bien structurée qui a fait entrer et sortir de notre pays des tonnes de cocaïne ces dernières années.
L'opération anti-drogue de grande envergure menée par la PJF de Bruxelles, avec l’appui d'autres PJF et services de la Police Fédérale et de la Police Locale, a mobilisé plus de 1 100 policiers. Ils ont exécuté une centaine de mandats de perquisition en Belgique, dont la majorité à Bruxelles. Ces perquisitions ont donné lieu à 64 arrestations.
Le démantèlement de ces laboratoires d'extraction de cocaïne est sans doute le résultat le plus remarquable de l'opération. Au terme de plus de 1 300 jours de travail, soit environ 20 % de la capacité de la PJF de Bruxelles, il a été possible d'identifier ces laboratoires de conditionnement et de transformation de la cocaïne à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie, ainsi que plusieurs sites de dépôts clandestins de produits chimiques provenant de ces laboratoires.
Outre les six laboratoires d'extraction de cocaïne, la police a également procédé à des saisies impressionnantes : des tonnes de produits et de matériaux divers susceptibles d'être imprégnés de cocaïne, des dizaines de bidons contenant des produits chimiques, une dizaine d'armes à feu, 57 véhicules dont plusieurs voitures de luxe, des articles de luxe, une grande quantité de pièces d'or, une machine à compter l'argent, environ un million d'euros en espèces et 300 m³ de tabac de contrebande. Elle a également saisi des équipements utilisés par les criminels comme "contre-mesures" ou pour rester sous le radar des services de police : appareils techniques, brouilleurs, balises, détecteurs, drones et moteurs à propulsion pour plongeurs.

Le SPOC au cœur des échanges
Dès le début de la phase opérationnelle, le Single Point of Operational Contact (SPOC) de la Direction de la coopération policière internationale (CGI) s’est retrouvé, dans sa compétence de point de contact unique opérationnel, au cœur des échanges dans le dossier SKY ECC. Depuis l'ouverture du dossier SKY ECC, le nombre de messages échangés avec l'étranger a augmenté de 25%.
Le SPOC a pu fournir un appui au plus près des actions et des enquêtes. La coordination efficace entre les différents partenaires, tant nationaux qu'internationaux, et la disponibilité des opérateurs ont contribué aux succès engrangés.
Depuis lors, le SPOC fournit tous les jours une capacité importante afin de venir en appui à ce dossier dont les succès font régulièrement la une des médias.
Des actions Étoile dans le cadre de la coopération Hazeldonk
Les actions Étoile sont issues d’une collaboration entre la Police Fédérale, la Police Locale, l'Administration générale des douanes et accises et leurs homologues des pays du Benelux et de la France. Elles visent le trafic de drogue, et en particulier les réseaux de distribution de drogues et les organisations criminelles impliquées.
En 2021, les services de police et la douane ont procédé, au cours de cinq journées d'action, au contrôle de 8 101 personnes et de plus de 6 690 véhicules. Au total, 138 trains et 80 autocars de sociétés low cost ont également été contrôlés. Au final, les actions ont permis l'arrestation de 90 personnes, ainsi que la saisie de 42 armes et d'une somme de 214 119 euros.

Drogues saisies dans le cadre des actions Étoile
Quantité | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|---|
Marijuana | 12,5 kg | 39,5 kg | 14 kg | 39,5 kg |
Haschich | 8 kg | 1 kg | 1 kg | 7 kg |
Héroïne | 5 kg | 0,2 kg | 3 kg | 8,8 kg |
Cocaïne | 2,5 kg | 4,8 kg | 11,4 kg | 9,5 kg |
Amphétamines | 1,5 kg | 0,4 kg | 0,15 kg | 6,3 kg |
XTC | 2 019 pilules | 1 168 pilules | 2 571 pilules | 1 275 pilules |
Le gaz hilarant : pas une "drogue", mais pas inoffensif pour autant
Le 25 mars 2021, les services de police et de douane des Pays-Bas, du Luxembourg, de France et de Belgique ont organisé une action de contrôle transfrontalière de grande envergure Étoile dans la province de Luxembourg. Une grande quantité de gaz hilarant a été saisie, au total quelque 18 250 doses.
Depuis quelques années, le gaz hilarant (protoxyde d'azote) est populaire auprès des jeunes et dans les lieux de sortie. Ce gaz n’est pas sans danger ! L'inhalation de protoxyde d'azote peut entraîner un manque d'oxygène dans le cerveau, ce qui peut provoquer de graves problèmes de santé.
Les saisies effectuées par les services de police, dans le cas présent par la Police Fédérale de la Route du Luxembourg, permettent de mieux cerner l'ampleur du phénomène.
Afin de contrer l’augmentation de la consommation récréative du gaz hilarant, les villes et les communes peuvent adapter leur règlement général de police et s'attaquer au phénomène au niveau administratif, par exemple en infligeant des sanctions administratives communales. Une approche judiciaire est moins évidente, car la vente, le transport et l'utilisation de gaz hilarant dans le commerce de détail sont légaux et ne relèvent pas de la législation sur les drogues. La vente (en ligne) de cartouches de gaz hilarant à des mineurs est toutefois interdite.
En guise de ligne directrice pour une approche administrative large et proactive de la police et des administrations locales (répression, saisie, destruction, etc.), et conformément à la circulaire "Gaz hilarant" du ministère public, le Centre d'information et d'expertise d’arrondissement d'Anvers (ARIEC) a élaboré une feuille de route.
La Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) suit ce phénomène et fournit un appui aux services de police.
Réseau international d’experts "caches aménagées dans des véhicules"
Sous l'impulsion du team Drogues de la Direction centrale de lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC), un groupe d'experts "caches aménagées dans des véhicules" a été créé. Des collègues des douanes, de la Police Locale et de la Police Fédérale en font partie et assurent une vision encore plus large de ce phénomène.
L'un des objectifs du groupe d'experts était de renforcer la prise de conscience. C’est à cette fin qu’a été élaborée la formation "contrôle d’un véhicule en cas de suspicion de présence de stupéfiants – caches aménagées". En 2021, 1 381 collègues ont été formés et 115 sessions ont été organisées par le groupe d'experts.
L'attention spécifique portée à ce phénomène porte ses fruits : 108 caches aménagées dans des véhicules ont été découvertes en 2021.
Ce phénomène fait l'objet d'une attention accrue non seulement au niveau national, mais aussi international. Ainsi, le 10 novembre 2021, un congrès international "Vehicle concealments" s'est tenu à Oosterhout (Pays-Bas), réunissant des participants issus de milieux opérationnels, stratégiques et juridiques. Ce congrès a facilité la mise en place d'un réseau international.
Des trafiquants de drogue interceptés à Bruxelles-Midi
En 2021, la Police des Chemins de Fer (SPC) de Bruxelles (SPC) a procédé à trois saisies importantes à la gare de Bruxelles-Midi (les 20 janvier, 12 septembre et 22 décembre) dans le cadre de faits de trafic de drogue par des personnes avalant des boulettes de stupéfiants (principalement de la cocaïne). Au total, elle a saisi 196 boulettes de cocaïne ingurgitées par trois personnes, pour un poids total de 2 874 grammes. Ces trois dossiers ont été examinés par le Parquet de Bruxelles dans le cadre des activités spécialisées BDO (Behaviour Detection Officer), qui a félicité le service concerné.
En outre, la SPC de Bruxelles a saisi un montant total de 703 387 euros dans le cadre d’activés de blanchiment d'argent.
Production de drogues de synthèse
Le 26 octobre 2021, DJSOC Drogues a organisé une journée thématique nationale sur les drogues de synthèse au Campus Vesta. Elle y a accueilli 85 participants de différentes disciplines (Justice, douane, Police Locale et Police Fédérale, protection civile, Sciensano, AFMPS, INCC, ainsi que la police et le Landelijk Parket néerlandais). Les nouvelles tendances (blanchisseries de cocaïne et laboratoires de méthamphétamine) ont été abordées lors de cette journée thématique.
Chiffres :

Saisies de drogues de synthèse en 2021
- Amphétamines : 8 saisies pour un total de 29 kg (+ 240 litres d'huile destinée à la production d'amphétamines)
- XTC : 42 saisies pour un total de 449 298 pilules
- Kétamine : 33 saisies pour un total de 219 kg
- MDMA : 25 saisies pour un total de 76 kg
- Méthamphétamines : 20 saisies pour un total de 78 kg